behind the mask we're all humans ■ ft. Bruce

“behind the mask we're all humans .” & Une insomnie. Le refus du corps de se reposer, ça arrivait par moment. Surtout quand l'esprit était gangréné par les diverses pensées parasites, des pensées normales mais qui faisaient tourner l'estomac, qui retournait le coeur avec violence. Elle n'avait pas réellement pris part, cette fois, à la soirée festive pour fêter le changement d'année. Elle avait préféré s'isoler un peu dans ce manoir où il était facile de s'y perdre. Elle s'était recueillie dans sa chambre provisoire en regardant des films, en évitant de regarder des photos... À minuit, elle avait daigné ne plus être solitaire et les rejoindre, souhaiter une bonne année à tout le monde avant de retourner dans ses quartiers. De s'enfermer et de s'endormir... De se réfugier loin de cette mélancolie, loin de ces souvenirs de Nouvel An en famille, avec son mari, avec son fils...

Malheureusement, même les songes pouvaient se montrer insidieux, même eux pouvaient vous faire perdre vos moyens et, quand vous ouvrez les yeux, les larmes coulaient sans que vous ne compreniez pourquoi. C'était ce qu'avait eu Nana, réveillée, les joues mouillées par les larmes dont elle n'avait aucun souvenir. Son regard scrutait le plafond dans la pénombre de la chambre et elle avait rapidement décidé de se lever, de se défaire de son pyjama pour enfiler une tenue plus décontractée mais pas trop : un jogging. Se défouler pour ne pas penser au sourire de son fils, à ses rires, à ses yeux brillants devant la multitude de couleurs des feux d'artifice... Il était elle-ne-savait-où, une autre "mère" appréciant le spectacle de ce petit ange... Peut-être était-il plus vieux, comme Toshinori... Peut-être... Le coeur de Nana était lourd. Bien trop lourd.

Ces dernières semaines, elle les avait passées pour aider les Wayne en oubliant les Shimura, en s'oubliant. En oubliant ce coeur qui ne s'était allé qu'une fois dans les bras de Sorahiko. Elle devait penser à elle, à cette tristesse qui la consumait même en voyant les sourires, même en entendant les rires... Nana devait être égoïste mais elle n'y arrivait pas. Ne savait pas. Donc elle préférait se défouler, passant par la cuisine pour prendre une bouteille d'eau et se rendre dans la salle d'entraînement.

Les coups fusaient : pieds, poings, coudes, genoux. La femme avait subi un entraînement intense pour être la septième, ce n'était pas pour rien qu'elle avait cette carrure presque imposant pour une femme. Elle frappait, donnait tout en ayant cette unique image dans l'esprit : son fils, loin d'elle, son fils l'ayant sûrement oubliée pour une autre femme qu'il appelait sûrement maman. Ses bras passaient autour du sac de frappes pour l'arrêter de bouger, le visage enfoui dans le cuir. À bout. Nana était à bout, les larmes aux yeux de ne plus être mère, de... De tout... Les sourires ne suffisaient plus.

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“behind the mask we're all humans .” & La japonaise serrait le sac de frappes comme s'il était une bouée qui empêcherait la japonaise de sombrer. Elle devait tenir. Pas uniquement pour elle ou pour ce fils qu'elle n'avait plus la chance d'élever... Mais pour le jeune Izuku, par exemple, qui se retrouverait alors tout seul. Elle lui avait promis qu'elle retournerait au Japon, qu'elle l'aiderait avec le One-For-All... Qu'elle retrouverait Toshinori, les amis de cet adolescent perdu dans des prémisses qu'il ne contrôlait pas. Elle devait être là... Pour lui, pour eux... Pour tout le monde... Sauf que cette nuit, elle n'y arrivait plus. Le sourire avait flanché et avait été remarqué par un être que, quelques mois plus tôt, elle aurait juré être sans coeur. "Oui." Comme si frapper aiderait son esprit à oublier le temps d'une nuit, comme si s'épuiser obligerait son corps à se reposer sans lui laisser l'opportunité de vivre des souvenirs mélancoliques...

La japonaise se reculait de cet objet, les mains protégées pour le combat, venant ramener en arrière les mèches collées à son visage, la sueur s'agrippant à chaque cheveux et glissant le long de ses joues, de sa mâchoire... "Je..." Un soupir, le souffle rapide à cause de ces efforts physiques, de cet état mental précaire... L'une des mains se posait sur le cuir amoché suite aux diverses séances d'entraînement. Les doigts caressaient cette surface devenue rugueuse à force de coups... N'était-ce pas hypocrite de dire qu'il fallait arriver à se confier et, en retour, ne pas parler ? La boule dans la gorge, la japonaise ravalait les larmes pour garder un minimum de fierté. "Je ne pense pas te l'avoir dit, ni même aux autres... Mais j'ai un fils." Les ongles grattaient, ajoutaient, petit à petit, de nouvelles marques.

"Il y a quelques années, j'ai dû l'abandonner. Mon pouvoir... Celui que j'ai perdu à Tokyo... Il va de paire avec un autre... All-For-One... Qui vole les Alters. Qui veut One-For-All. En ce but, il traque chaque détenteur... Il m'a traquée mais ce n'est pas moi qu'il a eu. - une pause, le temps d'inspirer, le regard se posant ailleurs, sur un mur, un point invisible - C'est mon mari. Il l'a tué pour me trouver et j'ai décidé de protéger mon enfant en l'éloignant de moi." La plus grande décision de sa vie, celle qu'elle regrettait chaque jour, celle qui l'avait fait pleurer dans les bras de son meilleur ami. "Je n'ai plus de nouvelle de lui, je ne sais pas ce qu'il est devenu, comment il vit... Je ne sais pas si dans le futur, il a eu une belle vie, une famille... Je n'aurai jamais pu le savoir puisque j'aurais dû mourir au lieu de m'endormir et de finir ici." Un instant, elle se prenait une vraie pause. Juste le temps d'attraper une bouteille d'eau et d'en boire une partie, de se mouiller un peu le visage... De se reprendre et de retenir les larmes de couler.

"Le Nouvel An... Me rappelle bien trop de souvenirs. De mon fils. De mon mari. De notre famille. Ça me rappelle que j'ai accepté le poids de cet Alter et que j'en ai sacrifié mes proches." Des mois à se battre pour les autres, son esprit se rappelait alors à elle. Il lui remettait à l'esprit ce qu'elle avait eu, ce qu'elle avait vécu, ce qu'elle avait sacrifié... Car elle devait aussi s'occuper d'elle-même. Nana devait cesser de penser aux autres en oubliant de panser ces plaies béants en elle. Pour occuper son esprit à autre chose qu'à penser et à remuer cette souffrance, pour s'empêcher de craquer complètement, l'héroïne décidait d'aider l'homme dépourvu de masque - quoi que ? Était-ce le Bruce masqué à ses côtés ? - dans la vérification de l'équipement. "Tu vois ? Je ne me force pas toujours à sourire et je ne prends pas toujours sur moi. Je suis aussi humaine que toi. Comme toi, je le cache mais différemment." Ce rappel à leur première rencontre, où la chauve-souris avait - aux yeux de la japonaise - critiqué cette horrible habitude qu'était le sourire constant.

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“behind the mask we're all humans .” & Après ses révélations, la japonaise ne s’était pas attendu à grand-chose. Même si elle voyait l’homme faire des efforts avec sa famille, cela ne voulait rien dire. Pourtant, il était là. Il proposait de l’écouter et il avait écouté, réellement, sans l’interrompre alors qu’elle lui confiait ce poids qui pesait sur son cœur. Pourtant, il posait cette main sur son épaule. Ce n’était pas énorme, ce n’était qu’un petit geste parmi tant d’autres mais c’en était un... C’était même suffisant pour une femme aux conventions japonaises. Elle savait passer outre mais son intimité, c’était sacré et, si offrir des étreintes était simple, recevoir des câlins sortant de nulle part était quelque chose qu’elle ne se sentait pas de gérer, surtout maintenant.

“Nous sommes un peu hypocrites, toi et moi, n’est-ce pas ? Je me cache derrière un sourire pour rassurer tout le monde, tu te caches derrière le héros pour cacher ta douleur. On devrait s’écouter nous-même et appliquer nos propres conseils... - sa main rejoignait doucement celle de l’américain - Car nous sommes humains.”

Elle l’écoutait mais ne pouvait croiser son regard. Ses yeux étaient embués par les larmes et elle arrivait tant bien que mal de les garder, de ne pas les faire couler. Elle voulait rester forte. Elle voulait garder un minimum de dignité.

“Tout simplement parce que... Parce que tu as la chance de les avoir encore à tes côtés. Moi, je sais très bien que je ne pourrais jamais retourner en arrière. Il...”

Il ne sera plus jamais dans mes bras, voilà ce qu’elle voulait dire en revoyant la moue de son fils dans sa tête. Les souvenirs de son fils, les rires, les pleurs, les peurs... Ce jour où elle l’avait fait partir, où elle avait pris la décision de... De l’abandonner. Elle l’avait abandonné, tout simplement. Son fils, la chair de se chair, le sang de son sang... Abandonné pour son bien mais abandonné.

“Je doute même qu’il ait des souvenirs de moi...”

Alors qu’elle, chaque trait du visage de son enfant était gravé en elle, dans le marbre, impérissable, même les tempêtes ne sauraient effacer les souvenirs de son fils. Mais lui ? Sûrement ne se souvenait-il pas d’elle, sûrement avait-il tiré un trait sur la mère l’ayant abandonné... Elle le méritait, en tout cas.

“Nous savons bien que ce n’est pas un autre univers, ici... Et eux, ils ne sont pas là... Enfin, je n’ai cherché qu’après mon fils mais il n’est pas là. Il est... Nulle part. De toute façon, si je n’étais pas morte, chez moi, j’aurais dû continuer de vivre avec un tel poids. J’ai fait mon choix et, même si c’est très dur, je dois juste vivre avec.”

Ses doigts se retiraient de la main de l’homme, un pas en arrière et elle se reculait en faisant volte-face. De l’index et du pouce, elle se pinçait l’arête du nez pour éviter de pleurer, pour retenir un maximum ses larmes qui ne demandaient qu’à couler et à souiller ses joues.

“Je sais bien qu’il ne pense plus à moi, tu sais. C’est ça le plus dur mais aussi... Le plus rassurant. - un souffle, une larme finissant par glisser, rouler le long de sa joue puis de sa mâchoire - Il ne se souvient sûrement pas de moi alors, je ne lui manque pas et... De toute façon, il a une autre maman. Qui ne va pas le mettre en danger, ni l’abandonner.”

Les dernières forces tombaient et elle ne tenait plus : les larmes coulaient, dévalaient son visage... Les bras entourant et serrant sa poitrine, Nana serrait un maximum la mâchoire pour éviter de faire du bruit et c’était en silence qu’elle laissait toute sa peine s’écouler, encore une fois, comme le soir-même avec Sorahiko, où elle n’avait pas su se retenir. Elle ne pouvait plus, elle n’y arrivait plus... À trop s’oublier, les vannes finissaient par exploser et elle se retrouvait, perdue, dans les vagues de douleur et de culpabilité.

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