i've been dressin' up the truth ■ ft. Clint

Que Midgard était ennuyant... Les terriens se ressemblaient tous : pitoyables, manipulables... De vraies petites marionnettes que le Dieu voyait comme des jouets entre ses doigts. Pire que le Malin, il s'installait dans leur esprit et faisait d'eux ce dont il voulait. Une magie des mots où il n'a pas besoin d'utiliser ce flux si faible en Midgard... Il n'avait besoin que de sa langue et de son intelligence si vive... Rien de plus pour faire d'eux ce dont il voulait. Il s'était alors amusé avec ses petits amusements, mais le temps lui avait rapidement paru long... C'était que le jeu était bien trop facile et, au bout d'un moment, ils perdaient toute la saveur qu'ils avaient bien avant... Loki, dès lors, s'était mis en quête d'un nouvel amusement : comment pouvait-on être surnommé Dieu de la Fourberie si, au final, on ne faisait que tourner en rond, encore et encore ?

Habillé dans la peau d'un animal des plus obéissants - quelle ironie, venant du Dieu le plus malicieux -, muté et changé sous la forme d'un chien, la fourrure noire comme la chevelure naturelle du Dieu, les yeux émeraude comme lorsqu'il laisse les saphirs au placard pour mettre en valeur son visage. Sous cette forme, il voyait, il percevait tant et tant de choses. Il remarquait la bassesse des Midgardiens en ricanant derrière ses crocs : c'était qu'ils étaient bien hypocrites ! Il était le Dieu de la Malice mais, eux, ils ne pouvaient faire un pas sans se laisser tomber dans la débauche et la perversion ? Oh, humanité, si seulement tu laissais tes rênes au maître approprié. Celui qui méritait de porter les couronnes d'au moins deux royaumes : Jotunheim, Asgard... Et une troisième lui revenait aussi : Midgard.

La tête posée sur les pattes croisées, l'animal observait cette faune jusqu'à y voir un visage familier. Un visage d'un homme qui avait été une marionnette si... Si exaltante. Son coeur avait été corrompu avec tant d'aisance, pour un homme poussé par ses valeurs. Voilà, son jouet. Voilà, son amusement de la soirée !

Le chien se levait et, de cette belle robe soyeuse et douce à vue, il devenait un vrai chien errant, un animal si pauvre, si affamé, si... Perdu. En quête de la bonne foi idiote des quelques Midgardiens dépravés par leur gentillesse. Le serpent d'Asgard allait même jusqu'à faire disparaître une de ses pattes, sortant ensuite de l'ombre en boitant, sautillant comme une âme en peine jusqu'à ce que le corps ne s'effondre contre la jambe de cet archer de misère.

Première patte dans l'idiotie humaine.

Une nouvelle journée où les gens l'agaçaient. Il en avait coupé ses appareils auditifs afin d'avoir la paix et ne plus entendre le vacarme de la ville. Cette ville où bienfaits et vices se mêlaient, cet endroit qu'il connaissait bien et qui pouvait pourtant lui taper sur les nerfs.

Mais qu'est-ce qui ne le rendait pas grognon en réalité ? Marchant, il évitait aisément ceux tentant de détrousser les poches, se faufilait dans la foule sans trop de difficulté sans savoir qu'on l'observait, qu'il était de nouveau la cible d'un être que beaucoup éviteraient.

Il fronça juste les sourcils en percevant le changement chez les gens, les regards se braquant dans une direction, des rictus divers et variés. Ses yeux suivant les lèvres : un chien. Voilà ce qui faisait pitié à tout ceux présents, rire ou donnait de sales idées à certains...

Ce qui, lui, le donnait envie d'être risible, narquois avec ceux-ci alors qu'il se tournait, le percevait. Un canidé semblant affamé, ayant une patte en moins... mais continuant de vivre, de se battre pour sa survie.

"- Tss. Les gens ont toujours pas compris que les animaux n'étaient pas des jouets ? Un regard vers un de ceux qui ricanait, attrapant le bras de ce dernier alors qu'il allait lancer une canette dans la direction du chien n'ayant rien demandé, serrant et si tu allais la mettre à la poubelle ? Ou tu veux de l'aide, je serais ravi de t'y amener."

Et de l'y mettre. Si la personne parlait ? Oh. Elle pouvait dire ce qu'elle voulait, ce n'était que du vent. Il ne relâcha sa prise que lorsqu'il bougea pour se déplacer ailleurs, s'éloigner alors que l'archer s'approchait de la boule de poils, se baissant et tendant la main. Lucky n'était plus chez lui... il pourrait donc au moins essayer de remplumer cette pauvre bête en étant sûr que rien ne se passerait.

"- vraiment...les gens devraient réfléchir avant d'agir. Tu as vraiment l'air mal en point, mon grand, et pourtant tu sembles encore tout faire pour tenir. Je vais te ramener chez moi pour te soigner et te donner à manger, d'accord ?"

Une moue, pourquoi se tapait-il la discute avec un chien ? Il ne comprenait sûrement rien... aaaah. Au moins, il y avait moins de risques de bêtises lâchées à la minute. Il attendait juste de voir la réaction du chien, observant, essayant de visualiser s'il avait un collier afin d'avoir une piste... il pourrait toujours appeler le vétérinaire aussi. Mais le laisser ainsi dans la rue... il en était hors de question.

Qu'il était facile de berner ces Midgardiens. Déjà que les Asgardiens n'était pas des plus durs à leurrer - enfin, son frère était le pire mais bon, il semblerait que ce soit une qualité qu'aimait leur père, vu ses louanges sur cet imbécile blond -... Alors, ceux de Midgard, c'était aussi facile pour Loki, que de devenir une femme. Sous cette forme, celle d'un chien handicapé, sale, affamé, il faisait réellement pitié... Si certains pouvaient croire que c'était une apparence qui ne lui allait guère, il ricanerait tout simplement : qu'importe son apparence tant qu'il pouvait jouer avec les filaments de l'esprit humain comme s'ils étaient les cordes d'une harpe accordée uniquement pour lui.

Il faisait l'ignorant, comme un simple animal apeuré lorsqu'il ressentait la menace provenant de ces spectateurs indésirables. Ah ! Que c'était bon ! Lorsque la plèbe venait se rajouter et mettre un peu de piment dans son plan si parfait ! Ah ! Ils ne savaient pas à quel point ils rendaient service à cette infamie sur trois pattes : en nourrissant le courroux de l'archer et sa compassion pour les animaux. Loki était habitué à n'être qu'autre chose qu'un Asgardien, de ne pas toujours avoir cette forme d'être humain lambda - urh, que c'était dégoûtant mais sa forme de géant n'était pas mieux - et il se mit à renifler, "prudent" et "apeuré" - oh, ces années à faire le double-jeu ! Elles étaient payantes ! Surtout lorsqu'on savait que ces imbéciles d'Odin et de ses rejetons avaient encore l'idiotie de lui offrir une mille-et-unième chance -... Avant de frotter doucement sa tête contre cette main tendue.

Se montrer trop docile serait contradictoire avec l'apparence qu'il avait : il devait faire pitié. Il devait briser le coeur de l'homme face à lui... Il faisait même mine de ne pas l'écouter, venant donner un coup de tête contre le torse de l'archer, de commencer à faire le "fou", comme n'importe quel animal comprenant qu'il était sauvé... Tout en se vautrant lamentablement sur le sol, du fait de cette patte manquante. Qu'on lui offre un César ! Il était... Ah, il le savait : il était parfait dans ce rôle de l'animal si mal en point, si pataud mais ayant tant d'affection à donner... Ahah ! De l'affection, comme s'il en avait. Comme s'il avait la moindre once d'amitié - ou d'amour - dans le coeur. Ce sentiment était réservé à, feu, sa mère : Freya. Les autres ? Ses enfants avaient droit à une certaine forme d'amour, oui. Surtout ces trois liés à la prédiction du Ragnarök. Un peu moins les rejetons faits avec une pauvre mortelle.

Dans tous les cas, l'être canin se relevait et - oui, il osait même aller jusque là - venait donner une lèche au visage du châtain. Un moyen comme un autre d'attiser un peu plus sa pitié en montrant qu'au final, l'animal était... Juste une boule de poils demandant un peu d'attention et de tendresse.

Il ne pouvait s'en empêcher... protéger le canidé comme il le pouvait sans prêter attention à ce que disaient certains êtres présents. Bougon suite à leurs actions, grognon naturellement, il attendait pourtant, laissait faire la boule de poils sombre sans presser, attendant. Des gestes lents, un léger sourire en sentant la tête contre sa main, ses doigts se perdant dans le pelage.

Pourquoi les gens devaient-ils toujours s'en prendre à ce qui semblait plus faible ? Une moue en y pensant... au fond, des Avengers, il était loin d'être le plus puissant. Oh, il ne le disait jamais ouvertement, mais il savait qu'il pouvait être balayé en une fraction de seconde. Il n'était pas dupe, pas idiot. Avant d'être surpris face au coup de tête, de voir l'animal faire le fou.

"- Doucement, tu vas finir par te faire mal."

Il retournait près de lui, se baissant et... se prenant un coup de langue. S'il s'y était attendu ? Non. Pas sur le moment du moins. Une légère moue apparaissant, une moue naturelle pour lui même s'il était difficile de résister face à une boule de poils se montrant ainsi.

"- On va y aller. Tu ne devrais pas avoir de mal à me suivre."

C'est qu'il n'avait rien pour le tenir en laisse et il pouvait le perdre, littéralement, n'importe quand. La main se perdait à nouveau dans les poils alors qu'il se redressait à nouveau, se mettait en route avec le canidé... En espérant que tout irait bien sur le trajet. Un regard vers l'animal, l'homme remettant en fonction ses appareils, se disant que cela serait bien plus simple d'entendre s'il se trouvait non loin que de tourner la tête à tout instant pour garder un œil sur lui.

Sauf qu'il entendait à nouveau ce que les gens pouvaient dire, un râle. Des paroles entre ses dents. Qu'est-ce qu'ils pouvaient l'agacer, qu'est-ce qu'ils pouvaient... Parler de tout et n'importe quoi sans souvent savoir la difficulté de telle ou telle situation. Se tournant, il observait la boule de poils.

"- ça doit faire un moment que tu es en train d'arpenter les rues, si je pouvais trouver l'idiot qui t'a mis à la porte."

Douceur ? Non. Il avait beau être un héros, il détestait certains actes et l'abandon rentrait dans ceux-ci. L'une de ses mains passa dans sa poche, cherchant ses clefs, jouant avec quelques instants... Est-ce qu'il mangeait la même chose que Lucky ou est-ce qu'il avait ses propres habitudes ? C'était difficile à savoir. Naturellement, il bougeait l'autre, lui faisant signe de le suivre sans un mot. Un réflexe, celui de signer et non de parler à certains moments jusqu'à finir devant la porte et l'ouvrir, attendant qu'il entre, attendant pour réagir au cas où.